Alors que les revendications en faveur d’une démocratie directe s’amplifient ces dernières années, les formes de participation citoyenne se multiplient, en témoigne la mise en place de consultations nationales via le Grand Débat en 2019 ou de budgets participatifs dans les villes. Cette tendance s’illustre particulièrement en cette période de campagne pour les élections municipales de 2020. En effet, que ce soit par la formation de listes citoyennes ou l’élaboration en commun de programmes, la participation citoyenne semble être devenue incontournable.
UN BESOIN CROISSANT D’INCLUSION DES CITOYENS
Dans un contexte de crise de la démocratie représentative, mise en avant notamment par la montée du mouvement des gilets jaunes l’an dernier, les citoyens demandent de plus en plus à être impliqués dans la vie politique. C’est ce que montre l’enquête réalisée par OpinionWay pour CapCollectif : Pour les élections municipales de 2020, 72% des français interrogés préféreraient voter pour un programme co-construit avec les habitants et 89% souhaitent que les candidats les impliquent dans l’élaboration de leur programme. Sur ce sujet, les initiatives portées par les candidats ne manquent pas.
LA PARTICIPATION CITOYENNE, UN INCONTOURNABLE POUR LES CANDIDATS AUX ÉLECTIONS MUNICIPALES DE PARIS
Si elle s’est illustrée pendant son dernier mandat pour son engagement dans le développement de la participation citoyenne à travers la mise en place d’une Conférence de consensus et d’un budget participatif, la maire sortante Anne Hidalgo ne souhaite pas s’en arrêter là. Dans son programme, elle envisage ainsi de faire passer de 5% à 25% la part de l’investissement consacrée au budget participatif et de mettre en place un kiosque citoyen par quartier qui constituerait un lieu de rencontres et d’échanges.
Les programmes de ses opposants proposent également plusieurs démarches afin de favoriser la participation citoyenne. Ainsi, Cédric Villani a pris plusieurs initiatives pour renforcer la démocratie locale. Tout d’abord, une partie de sa liste est composée de citoyens volontaires tirés au sort sur une plateforme d’inscription en ligne. Ensuite, dans le but de rationaliser les conseils citoyens déjà présents dans la capitale, le candidat propose de créer une Agora qui sera composée de citoyens tirés au sort, d’experts, de représentants des associations et de corps intermédiaires. Elle aura pour objectif de mettre en place des pétitions et d’encadrer des consultations ainsi que des référendums qui porteront sur des grands projets à venir notamment en termes d’urbanisme. Enfin, l’ex-membre du parti LREM envisage de créer un laboratoire d’innovations sociales et démocratiques ainsi que des jurys citoyens afin d’encadrer l’attribution des subventions associatives.
À la tête de la liste EELV, le candidat David Belliard a mis en place durant sa campagne des ateliers participatifs où des citoyens sont tirés au sort afin d’élaborer ensemble le programme.
Daniele Simmonet, candidate LFI, a lancé un appel sur une plateforme en ligne afin d’inviter les citoyens à s’engager, à proposer des idées et à participer à des auditions. Elle propose dans son programme d’instaurer un référendum local d’initiative citoyenne qui permettrait de soumette une pétition signée par au moins 5% de la population à un référendum local à l’échelle de la ville ou de l’arrondissement concerné.
PARTOUT EN FRANCE, LES VILLES VOIENT FLEURIR DE NOUVEAUX ENGAGEMENTS AUTOUR DE LA PARTICIPATION CITOYENNE
Cet engouement pour la participation citoyenne se vérifie à l’échelle d’autres villes. Ainsi, à Bordeaux, Thomas Cazenave, à la tête de « Renouveau Bordeaux 2020 », a fait de la participation citoyenne un des objectifs de sa campagne. Dans son programme, le candidat met en avant la création d’un droit d’initiative citoyen qui permettrait, dès lors que 10% des électeurs en feraient la demande, de proposer un sujet au débat en conseil municipal ou de le soumettre aux votes des Bordelais.
A Grenoble, le maire sortant Eric Piolle entend renforcer son engagement en faveur de la démocratie directe en mettant la participation citoyenne au cœur de son projet. Ainsi, à travers une plateforme de participation « La Fabrique – Grenoble en commun », les citoyens ont pu disposer d’une période de deux mois et demi afin de partager leurs propositions qui ont ensuite été remises à un Comité de rédaction chargé d’en faire la synthèse. Ce processus a permis de récolter plus de 650 propositions.
Certains engagements vont encore plus loin dans la démarche participative. En France, plusieurs centaines de listes citoyennes ont été créées en vue des élections. A Montpellier, le collectif NousSommes est entièrement composé de citoyens issus de la société civile qui portent une centaine de propositions partagées et coécrites à l’aide d’une plateforme collaborative en ligne à disposition de tous.
Ainsi, la participation citoyenne, sous toutes les formes qu’elle revêt, insuffle une nouvelle dynamique aux élections et apparaît être un enjeu important de ces prochaines municipales 2020.
Par Manon Serra
Sources :
- Image d’illustration @storyset
