PRÉCÉDEMMENT DANS « SMART CITY », NOUS NOUS SOMMES CONCENTRÉS SUR L’APPROCHE TECHNOLOGIQUE DE LA VILLE INTELLIGENTE, PUIS SUR UNE APPROCHE PAR LE CAPITAL HUMAIN. TENTONS DÉSORMAIS DE MÊLER CES DEUX APPROCHES EN ADOPTANT UNE VISION DAVANTAGE HOLISTIQUE DE LA SMART CITY !
Un certain nombre de contributions ont tenté d’unifier les différentes visions de la smart city dans un même cadre conceptuel. Intéressons-nous en premier lieu à celle de Neirotti et al. (2014). Elle permet d’amener la réflexion sur la tension entre vision technologique et vision humaine qui alimente les débats autour la smart city, comme nous l’avons vu dans les épisodes précédents. Ils font en effet une distinction entre l’approche dure et l’approche souple (hard vs soft) de la smart city. La première repose sur les domaines de la smart city où les TIC jouent un rôle essentiel comme l’infrastructure et les capteurs et la deuxième sur les domaines où ils sont secondaires comme le niveau d’éducation, la participation et l’innovation. Les « smart grids » par exemple nécessitent de déployer un réseau de capteurs alors qu’une politique en faveur de l’innovation viserait plutôt des subventions ou des créations d’incubateurs. L’analyse de ces domaines les amènent à développer un cadre avec 6 dimensions :
- L’énergie et les ressources naturelles (smart grids, éclairage public, gestion des déchets, etc.),
- Le transport et la mobilité,
- Les bâtiments (services intelligents, qualité de vie, etc.),
- Les conditions de vie (divertissement, culture, pollution, gestion des espaces publics, services de santé, sécurité publique, intégration sociale),
- La gouvernance (e-gouvernance, e-démocratie, transparence),
- L’économie et les habitants (innovation, éducation numérique, gestion du capital humain et gestion du patrimoine culturel).
Si cette approche permet d’associer les deux facettes de la smart city, à savoir la technologie et le capital humain, l’une des conceptualisations les plus complètes est celle de Gil-Garica et al. (2015). En effet, ceux-ci ont tenté de réaliser une revue complète des éléments principaux d’une smart city, à la fois selon les outils pratiques d’évaluation et selon les modèles théoriques. Ils distinguent 4 grandes dimensions divisées en 10 composants. Ainsi pour eux, une ville qui se déclare intelligente devrait être évaluée selon tous les composants de ce cadre conceptuel :
- Les services publics
- L’administration et la gestion de la ville
- Les politiques et arrangements institutionnels
- La gouvernance et la collaboration
- Le capital humain et la créativité
- L’économie de la connaissance et l’environnement d’affaires
- Les bâtiments et infrastructures de la ville
- L’environnement naturel et l’écologie
- Les TIC et autres technologies
- Les données et les informations.
Si la contribution de Gil-Garcia et al. (2015) est effectivement complète, elle reste néanmoins limitée puisqu’elle ne représente qu’un empilement de dimensions et composants sans véritable lien logique entre elles. De manière plus générale, cette problématique est inhérente à l’ensemble des approches holistiques, les rendant peu satisfaisantes en l’état. En effet, même si elles permettent de tracer une vision relativement large des domaines d’applications de la smart city, elles n’apportent finalement que très peu d’éléments sur la compréhension du fonctionnement d’une smart city et surtout sur les problèmes analytiques qu’elle pose. C’est la raison pour laquelle, bien que nécessaire à la compréhension de la smart city, une étude définitionnelle et conceptuelle est loin d’être suffisante pour permettre de comprendre les tenants et aboutissants de la ville intelligente, moins encore pour répondre aux problématiques qu’elle soulève.
C’est pourquoi, au prochain épisode, nous chercherons à tirer le maximum de notre étude de la gouvernance de la smart city !
Sources :
- Image d’illustration @storyset